La peste brune est de retour
Il y a quelques mois , à l'occasion du cinquantenaire de la mort
de Céline, une polémique s'éleva sur
l'opportunité de saluer l'événement de
manière officielle. Cette possibilité fut
repoussée, et seuls quelques cercles littéraires firent
écho à cet anniversaire.
Mais les tenant d'une célébration de Céline
reviennent à la charge par petites touches... D'abord une
soirée lui est consacrée en grande partie dans une
émission littéraire télévisée, avec
des textes céliniens pompeusement déclamés par le
théâtreux de service. Puis deux pages dans le
« Monde des Livres » , puis un numéro hors
série de « Lire » avec des textes
inédits, etc...
Or l'exposition sur les « Archives de la vie
littéraire sous l'occupation »
présentée ces derniers temps à l'Hôtel de
Ville de Paris nous remet en mémoire les noms des amis de
Céline, collaborateurs, présentés lors de
réceptions organisées par Otto Abetz, tous
aussi traitres les uns que les autres
Cette longue liste devrait permettre à nos brillants laudateurss
de réhabiliter quelques noms de collaborateurs de
« La gerbe » ou de « Je suis
partout »... les Jean Luchaine, Deat, Rebatet, Drieu
la Rochelle , voire de ressusciter Brasillach. Bon appétit ,
Messieurs, il vous reste beaucoup de travail à faire, mais vous
ne ferez pas croire à tout le monde que le style de
Céline lui donne tous les droits... Pour moi la diatribe et les
mots utilisés font de ces textes un appel à la haine et
un appel au meurtre qui envoyèrent bon nombre de
résistants à la mort
Ces critiques auraient mieux fait de rappeler que d'autres
écrivains ne furent pas des traitres et surent se
taire pendant l'occupation comme Jean Ghehenno, Michel Leiris ou
René Char avant qu'il ne prenne les armes. Il y eut
ceux qui combattirent jusqu'à la mort comme Desnos, Jean
Prevost, Decour, Marc Bloch , et bien d'autres.
Au moment où un certain nombre de peuples se révoltent ,
où la jeunesse européenne exprime sa volonté de
changement, la peste brune est de retour.......ce qui ne relève
sans doute pas du hasard.
Pierre-Yves Canu
Résistant
